Semae lance son projet stratégique « Horizon 2027 »
Avec son nouveau projet stratégique sur trois ans, Semae veut maintenir la compétitivité de la filière, faire face au changement climatique, enrichir la biodiversité et participer au débat sociétal.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
L’interprofession semencière Semae a validé, mardi 10 décembre, son nouveau projet « Horizon 2027 ». S’articulant autour de trois axes stratégiques, il « vise à accélérer sa transformation et répondre aux multiples défis à relever », a indiqué Pierre Pagès, président de Semae, lors d’une conférence de presse tenue le même jour à Paris.
Sécuriser le réseau d’agriculteurs multiplicateurs
Le premier axe a pour objet de « maintenir la compétitivité de la filière » qui fait face à une réduction des facteurs de production comme les intrants et l’eau, du nombre d’agriculteurs spécialisés et de la main-d’œuvre disponible. Semae souhaite ainsi sécuriser le réseau des agriculteurs multiplicateurs de semences, au nombre de seulement 16 636 en 2024 contre 16 905 en 2023 et 17 194 en 2022.
Les surfaces de multiplication sont, elles aussi, en recul de 2 % en 2024 par rapport à 2023, avec 374 773 ha. C’est notamment le cas en maïs, en lien avec une bonne production européenne en 2023 qui a induit un resserrage des besoins de production et de stocks et affecté les surfaces de multiplication en France cette année. Pour le tournesol, la fermeture du marché russe, la première destination des semences de cet oléagineux, a eu aussi un impact sur les surfaces de production.
Situation « bonne mais fragile »
En parallèle, la concurrence internationale risque de s’intensifier, menaçant l’autonomie semencière de la France ainsi que son leadership. La balance commerciale de la filière française des semences et plants a atteint en 2023-2024 1,3 Md€, lui permettant de conserver sa place de premier exportateur mondial de semences agricoles. Les exportations atteignent encore un record cette campagne, à 2,31 Mds€ (+ 6 % en comparaison de 2022-2023). Elles représentent 59 % du chiffre d’affaires du secteur qui s’élève à 3,9 Mds€. La part des semences de maïs/sorgho est largement majoritaire dans les exportations françaises (868 M€), suivies par les semences potagères (642 M€) et d’oléagineux (425 M€).
« L’excédent du commerce extérieur n’a pas arrêté de progresser, de battre année après année un nouveau record, indique François Desprez, vice-président de Semae. Mais il faut être conscient que cette situation privilégiée est fragile. » La moitié de ces exportations est due à des ventes à l’étranger. Or certains débouchés pour les semences de maïs et d’oléagineux se trouvent être en Russie et en Ukraine, qui ont réduit leurs achats cette année. « Pour rester puissante, la filière française doit rester compétitive, soutient François Desprez. Le rôle de Semae est d’aider tous les maillons de la filière à être en anticipation par rapport à cette situation et, avec les pouvoirs publics, de trouver des solutions aux impasses techniques afin d’éviter les délocalisations. »
Relever le défi du changement climatique
Le deuxième axe du nouveau projet stratégique de Semae vise à « relever le défi du changement climatique et de la transition écologique », grâce à des variétés adaptées et résilientes. « Le changement climatique s’accélère, avec lui apparaissent des nouveaux ravageurs et maladies qui étaient connus en général plus au sud en France », détaille François Desprez. La migration de ces ravageurs s’accélère aussi : elle était en moyenne de 10 à 20 km du sud au nord mais atteint aujourd’hui 100 à 150 km.
À cela s’ajoute le retrait de molécules chimiques. « Les conditions de production deviennent difficiles et mettent en risque la qualité des semences françaises qui est la base de leur succès sur le marché intérieur et à l’exportation », s’inquiète le vice-président.
Être un « interlocuteur de référence » dans le débat sociétal
Enfin, le troisième axe du projet stratégique porte sur la responsabilité sociétale de la filière, en positionnant Semae comme « interlocuteur de référence », ainsi que sur la protection et l’enrichissement de la biodiversité. « Maintenir, enrichir, préserver et diffuser la diversité génétique est possible grâce aux travaux de la recherche publique, des associations de conservation des ressources génétiques, des sélectionneurs, des agriculteurs et des artisans semenciers », détaille l’interprofession.
Nouveau contrat d’objectifs avec l’État
Par ailleurs, un nouveau contrat d’objectifs et de performance entre l’État et Semae a été signé par Pierre Pagès et Anne-Laure Fondeur, directrice du contrôle officiel et de qualité des semences et plants, pour trois ans. Un des objectifs principaux est de garantir l’impartialité et l’indépendance du Service officiel de la certification (Soc).
Pour accéder à l'ensembles nos offres :